Mini-pieuvres et maxi-danger : les Hapalochlaena spp.

Un autre Graal parmi les céphalopodes : la ravissante Hapalochlaena lunulata est interdite de vente en France car le venin mélangé à sa salive est mortellement toxique, en cas de morsure. Photo : dragos

Les Hapalochlaena sont les pieuvres communément nommées « à anneaux bleus », elles sont réparties en trois, voire quatre espèces : H. lunulata, H. maculosa, H. fasciata, et hypothétiquement Hapalochlaena nierstraszi, de statut incertain, car décrite d’après un seul spécimen collecté en 1938.

Hapalochalena lunulata provient d’une zone assez large de l’Indo-Pacifique, entre le Sri Lanka et les Iles Salomon, elle est appelée la grande pieuvre à anneaux bleus, non en raison de sa taille, mais de celle de ces ocelles, les plus grandes des trois espèces ; celles-ci sont assez uniformes en taille et en espacement. Le patron de coloration est le plus uniformément clair des trois espèces, en phase de repos, et c’est aussi l’espèce qui marque le plus la présence des anneaux bleus même quand elle est paisible. Une fine ligne bleue iridescente traverse chacun des yeux, ce qui est un trait unique à l’espèce.

hapalochlaena lunulata est une magnifique espèce de pieuvre. Mais attention, la morsure de la pieuvre à anneaux bleus est potentiellement mortelle. En France cette espèce est considérée comme dangereuse et nécessite l’obtention d’une autorisation d’ouverture et d’un certificat de de capacité de l’espèce pour être en règle.
hapalochlaena lunulata est une magnifique espèce de pieuvre. Mais attention, la morsure de la pieuvre à anneaux bleus est potentiellement mortelle. En France cette espèce est considérée comme dangereuse et nécessite l’obtention d’une autorisation d’ouverture et d’un certificat de de capacité de l’espèce pour être en règle.

H. maculata est endémique des eaux tempérées du sud de l’Australie, de Perth à Melbourne. Le patron comprend de nombreuses taches arrondies, de couleur gris/brun foncé sur fond clair, même en phase paisible. Les anneaux bleus sont petits et irréguliers, et invisibles en phase tranquille.

H. fasciata est couverte de lignes irrégulières et épaisses, brunes, sur un fond beige clair. Son aire de distribution est un peu plus à l’Est que H. maculosa, de Melbourne à Townsville à peu près. Les marques bleues sont en forme d’anneaux fins sur les bras, et de lignes caractéristiques sur le manteau.

Ce texte est un complément à l’article publié dans la rubrique « Mobile » de ZebrasO’mag N°47, « Ciel ! Un céphalopode à la maison ». Retrouvez ZebraO’mag au format papier, sur notre librairie en ligne, sans frais de port.

Ces petites pieuvres mesurent de moins de 10 cm au total, manteau et bras compris ; le manteau fait environ la taille d’une balle de golf, et fini en pointe comme un « bonnet de lutin »; l’aspect habituel, en phase paisible, est fortement homochromique comme la plupart des céphalopodes, et présente un fond beige sable à brun à motif variable, la surface de la peau est lisse ou verruqueux selon l’environnement et l’humeur : cela leur permet de se fondre parfaitement avec le décor rocheux qu’elles habitent. Les anneaux colorés caractéristiques sont alors quasiment invisibles, de couleur gris sombre à bleu marine. L’activité est diurne, car tous les habitants du récif savent bien qu’il faut mieux éviter de leur chercher des noises ; elles passent cependant peu de temps hors de leur abri, sauf pour chasser ou chercher un partenaire sexuel. Une fois à découvert, comme tous les animaux toxiques, elles ne sont pourtant pas vraiment farouches, et ne fuiront pas devant la menace, consciente de la puissance de leur arme. Lorsqu’elles passent en phase défensive ou offensive, l’aspect change radicalement : la peau prend une teinte plus claire et vive, ocre jaune à orange foncé, selon les espèces, et elles exhibent alors, leurs anneaux (ou lignes, chez H. fasciata) bleus vifs et iridescents.

Les pieuvres du genre Hapalochlaena sont de petits céphalopodes d’une quinzaine de centimètres. De magnifiques anneaux bleus vifs apparaissent sur leur tégument quand elles éprouvent du stress. Leur morsure peut tuer un animal aussi gros qu’un être humain en quelques minutes : leur venin neurotoxique est l’un des plus puissants (sinon le plus puissant) du règne animal. Très timides, elles ne sont en aucun cas agressives envers les gros animaux, mais peuvent mordre si elles se sentent menacées. Bien que très attachantes et intelligentes comme tous les Octopodidés, ce sont des animaux « de compagnie » à ne pas mettre entre toutes les mains ! Photo : Jens Petersen
Les pieuvres du genre Hapalochlaena sont de petits céphalopodes d’une quinzaine de centimètres. De magnifiques anneaux bleus vifs apparaissent sur leur tégument quand elles éprouvent du stress. Leur morsure peut tuer un animal aussi gros qu’un être humain en quelques minutes : leur venin neurotoxique est l’un des plus puissants (sinon le plus puissant) du règne animal. Très timides, elles ne sont en aucun cas agressives envers les gros animaux, mais peuvent mordre si elles se sentent menacées. Bien que très attachantes et intelligentes comme tous les Octopodidés, ce sont des animaux « de compagnie » à ne pas mettre entre toutes les mains !
Photo : Jens Petersen

Leur toxine, apparentée à la tétrodotoxine, est un neurotoxique très puissant, qui agit sur la chimie des fibres nerveuses : les impulsions nerveuses sont bloquées, provoquant la paralysie progressive, et aboutissant à l’arrêt respiratoire. Elle est secrétée dans deux glandes distinctes, de chaque côté du bec, et se mélange à la salive de manière sélective : l’une des glandes délivre une dose de toxine faible, elle est « activée » pour la chasse, et permet d’immobiliser rapidement les proies (principalement des crustacés, et des petits poissons). L’autre glande délivre la toxine à forte concentration, et sert de moyen défensif en cas de menace. Elle peut tuer en quelques heures de très gros animaux : une pieuvre de 25 grammes possède dans ses glandes une quantité de toxine qui serait fatale à 10 êtres humains adultes !

Ces pieuvres, magnifiques dans leur environnement, doivent y rester. Communément collectée à l’attention de certains pays qui autorisent leur importation, le taux de survie en transit est plutôt mauvais ; beaucoup d’individus capturés seront morts avant d’arriver en vente dans un magasin. Le danger potentiel qu’elles représentent, notamment en cas d’évasion hors de l’aquarium, pour les enfants, les animaux de compagnie et toutes les personnes ignorantes de leur toxicité, ne rendent pas sa maintenance domestique acceptable. Heureusement, son commerce est interdit en France.

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Christophe Tolbourg
Christophe Tolbourg
14 novembre 2018 8 h 56 min

Elles ont des prédateurs ?