Les raies en aquarium

La décision de maintenir des raies en aquarium ne peut pas se faire sans une réflexion approfondie. Outre le caractère législatif qui est très spécifique pour ces espèces, ce sont des animaux qui vont atteindre une taille importante. Il faudra donc prévoir un aquarium d’un volume adapté à leur taille lorsqu’elles seront adultes.

Il faudra également penser à privilégier la surface au sol plutôt que le volume d’eau en lui-même pour que les poissons puissent évoluer à l’aise. Il est indispensable qu’une fois adulte, la raie puisse se déplacer et nager sans rencontrer trop d’obstacles. Il leurs faudra donc de grandes plages de sable sans décoration.

Pour la plupart des espèces on ne compte plus en litres, mais en mètres carrés pour définir la taille de l’aquarium nécessaire : une moyenne de 1 m² de surface par raie adulte est couramment utilisé.

Si l’on souhaite avoir un décor dans son aquarium, l’astuce est d’utiliser des racines allongées dont seule une petite partie touchera le sol. L’autre extrémité sera solidement fixée en hauteur afin que les raies ne puissent pas les faire tomber.

Le sol de l’aquarium pourra être soit nu (surtout pour les jeunes raies, l’entretien est plus facile) soit recouvert de sable de granulométrie moyenne. Cela pourra être un sable de rivière ou un sable artificiellement arrondi. Les sables de quartz, les sables avec des grains à arêtes vives et les sables trop grossiers ou trop fins sont à proscrire.

Il est compliqué de planter un aquarium avec des raies, il est impossible de mettre un substrat sous son sable, elles fouillent tellement le sol qu’elles le mettraient en suspension immédiatement. Les plantes sans substrat pourront être tentées avec les jeunes Potamotrygon, mais avec des raies adultes, les plantes seront tôt ou tard utilisées comme jeu, mâchouillées ou malmenées. Il faudra privilégier davantage les plantes flottantes qui de surcroît créeront des zones d’ombre si la raie souhaite moins de luminosité.

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Attention, dans cet article s’est glissé la mauvaise version d’un encadré, comportant des imprécisions. Voici donc la bonne version complétée et améliorée, qui par-ailleurs sera publiée avec images dans le prochain numéro d’AQUAmag. Toutes nos excuses, ainsi que nos remerciements à Fabien Nicod.

La qualité d’eau devra être irréprochable, les raies sont très sensibles aux pollutions azotées. Il sera donc essentiel que la filtration soit bien dimensionnée car les raies sont de gros pollueurs. Plus qu’un débit important, il faut penser volume de filtration biologique. Les systèmes de filtrations semi-humides fonctionnent très bien avec ce type de population. Les changements d’eau devront également être bien suivis, il faudra les adapter au fur et à mesure que les animaux grossissent et mangent de plus en plus.

Dans la nature, les raies d’Amazonie vivent dans des eaux douces et acides. En aquarium, c’est plus difficile à reproduire vu les volumes d’eau nécessaires pour les maintenir. Pour la plupart des espèces du marché aquariophile, surtout si ce sont des spécimens nés en captivité, il est même plutôt recommandé de les maintenir dans une eau neutre ou avec un pH supérieur à 7. En effet on a dit plus haut qu’elles étaient gros « pollueurs » et cela a une incidence directe sur la dureté carbonatée de l’eau de l’aquarium. C’est un indicateur qu’il faudra suivre de très près, c’est même LA valeur à surveiller pour rythmer ses changements d’eau. Si la dureté carbonatée est trop basse, les risques d’acidose (chute rapide de Ph) sont très élevés et cela peut être fatale pour les raies.

La température de l’eau est un autre paramètre important pour la maintenance des raies : les jeunes devront être maintenues entre 28 et 30 °C et les adultes entre 26 et 30 °C. Elles supportent bien les températures plus élevées mais cela augmente considérablement leur métabolisme et elles peuvent devenir agressives lorsqu’il fait très chaud. Il faudra également fortement oxygéner l’aquarium, l’oxygène se faisant plus rare avec l’augmentation de la température.

L’alimentation en milieu naturel est très variée : elle se compose de mollusques (escargots, moules d’eau douce…), larves d’insectes, de crustacés et de poissons.

En aquarium les jeunes raies pourront être nourries de vers de vase, Tubifex, vers de terre coupés, mysis, crevettes blanches, petits morceaux de poissons… L’alimentation des adultes sera composée d’aliments congelés : poisson (friture ou filets), moules, crevettes…. Il est recommandé de ne pas trop utiliser de nourritures vivantes pour éviter d’introduire des maladies dans l’aquarium et pour empêcher que les raies ne s’y habituent et délaissent les nourritures inertes.

La cohabitation avec d’autres espèces de poissons est possible mais elle demande de bien choisir les espèces et de bien surveiller après l’introduction. Il faudra éviter tous les vivipares qui peuvent prendre la fâcheuse tendance de venir « suçailler » le mucus des raies et cela peut les stresser considérablement. On peut également éliminer les Leporinus qui ont l’habitude de les mordiller toute la journée. Les Loricaridés peuvent faire de bons colocataires mais il faudra surveiller de ne pas en avoir un qui fait le « Remora » sur le dos d’une raie, ils peuvent leur infliger de grosses blessures. L’introduction de Tétra de taille modérée, comme Hyphessobrycon columbianus, est possible mais il y’a toujours des pertes. Dans les premiers jours quelques-uns peuvent se faire manger, puis ils vont comprendre où est le danger et le reste du groupe sera stable.

La plupart du temps ce sont plutôt de gros Characidés (Myleus spp, Metynnis spp, Semaprochylodus…) ou des grandes espèces de Cichlidés Sud-Américain (Astronotus, Cichla, Crenicichla, Uaru…) qui partagent les bacs des raies.

Avec de gros mangeurs de ce type, il faudra s’assurer de donner assez de nourriture dans l’aquarium pour qu’une partie tombe au fond et que les raies aient assez à manger. Une astuce consiste à faire descendre l’alimentation dans un tube pour que les poissons de pleine eau ne puissent pas l’attraper avant les raies.

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