Des bibliothèques du vivant ?

Les vagues de blanchissement et diverses altérations sur les récifs coralliens se répétant d’année en année, éveillent les consciences. Hélas, si de plus en plus d’humains sont sensibles aux questions environnementales, la consommation mondiale ne faiblit pas, bien au contraire. Le bilan carbone s’envole d’année en année, les pollutions agricoles et industrielles font toujours leur chemin vers la mer, le tourisme de masse piétine les littoraux, les déchets plastiques s’accumulent des abysses aux îles inhabitées. Et si finalement, nous n’arrivions pas à sauver les récifs coralliens naturels, à bout de souffle ?

Acidifié, trop chaud, pollué, l’Océan, source de vie, n’arrive plus à protéger efficacement son précieux corail. Puisqu’on en est arrivé là, l’idée est venue qu’il faudrait constituer des banques biologiques in vitro pour préserver la biodiversité génétique, sortir le corail de son berceau natal qu’on a trop maltraité, au cas où… une arche de Noé répertoriant un maximum d’espèces de coraux, qui seraient maintenus en divers endroits du monde, pour créer différentes sauvegardes qui resteraient en vie pour qu’on puisse continuer à les admirer, à les étudier ; et qui sait, si les efforts environnementaux inversent enfin la vapeur et que le milieu naturel redevient hospitalier, à les réimplanter afin qu’ils reconquièrent leur territoire.

Conservatoire Mondial du Corail

Deux initiatives, éloignées de milliers de kilomètres, sont nées de ce constat, et vont œuvrer afin de créer ces bibliothèques du vivant : d’une part, le Conservatoire Mondial du Corail, création du Musée Océanogaphique et du Centre Scientifique de Monaco. L’objectif à 5 ans est de rassembler 1000 espèces de coraux, soit donc les deux tiers des espèces existantes. Ces échantillons seraient confiés aux Centres Scientifiques et aquariums publics du monde entier, au sein d’un réseau d’échange professionnel de grande ampleur, et conservés à des fins de restauration naturelle ultérieure.
> Monaco se mobilise en faveur du corail.

Réserve du Musée océanographique - © M. Dagnino - Institut océanographique de Monaco
Réserve du Musée océanographique – © M. Dagnino – Institut océanographique de Monaco

« Living Coral Biobank »

D’autre part, la création de la « Living Coral Biobank » a été annoncée en début d’année, à l’initiative de l’ONG australienne Great Barrier Reef Legacy. Au cœur de ce projet, outre le Dr Dean Miller, directeur de GBR Legacy, nous retrouvons Charlie Veron, éminent biologiste marin ayant répertorié la plupart des coraux durs dans sa Bible « Corals of the World », monitorant infatigablement la Grande Barrière australienne depuis cinquante ans. Le collecteur et grossiste « Cairns Marine » est aussi du projet pour la partie logistique des collectes et des mises en stabulation captives des échantillons. Le projet « Living Coral Biobank » vise à répartir les échantillons dans les aquariums publics et même les aquariums de particuliers réputés pour leur excellente maintenance sur le long terme.
> Lien vers le projet « Living Coral Biobank »

« … Sabine, vous trouverez ci-joint un lien vers une vidéo à ce sujet. L’idée est de distribuer les boutures de corail aussi loin et aussi largement que possible, de sorte que si un site est rasé, l’espèce de corail existe toujours. Nous avons beaucoup de collaborateurs ou de futurs collaborateurs, mais il n’y a pas encore d’autres organisations qui ont un grand projet. Nous espérons qu’il y en aura au fur et à mesure que nous avancerons – nous avons besoin de partenaires. Un aspect essentiel est l’identification lorsque les échantillons sont prélevés dans la nature. C’est là que le vieil homme entre en jeu. Merci pour votre enthousiasme.
Charlie »

Ces deux initiatives en sont à leurs débuts, et nous ne manquerons pas d’en reparler rapidement de manière plus développée dans ZebrasO’mag.

Image de Une : Boutures de corail, Musée océanographique – © M. Dagnino – Institut océanographique de Monaco

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