Les cuisses de grenouilles sont un des grands classiques de la gastronomie française, inspirant parfois dégoût et moqueries à l’étranger. Si les grenouilles de nos campagnes ont longtemps fait les frais de notre gourmandise, aujourd’hui, la batrachofaune française est protégée.
Certes, il existe des élevages de grenouilles rieuses (variété Rivan 92 de Pelophylax ridibundus), mais cette industrie naissante ne représente qu’une petite partie de l’offre qui est surtout composée de cuisses venues d’Asie, particulièrement d’Indonésie.
Photo : Valentin Amoraru
Aucune étude scientifique n’a encore étudié les conséquences de ce commerce sur les populations sauvages. Toutefois, avec 5 000 tonnes de cuisses, soit plus de 100 millions de grenouilles tuées chaque année en Indonésie, les dégâts doivent être évidemment importants. La difficulté à évaluer l’impact de ces prélèvements sur une espèce est accentuée par la confusion entre les espèces qui sont officiellement prélevées, et celles qui le sont réellement, comme le montre une étude publiée récemment par A. Ohler et N. Vidal, chercheurs au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. L’analyse des cuisses de grenouilles congelées vendues dans le commerce a montré que dans 99% des cas, l’ADN prélevé dans les lots commercialisés ne correspond pas à celui de l’espèce mentionnée sur l’emballage. Ainsi, des cuisses vendues sous Rana macrodon (synonyme de Limnonectes macrodon) sont la plupart du temps des pattes de Fejervarya cancrivora.
Ohler A. & Nicolas V. 2017. What frog’s leg do froggies eat ? The use of DNA barcoding for identification of deep frozen frog legs (Dicroglossidae, Amphibia) commercialized in France. European Journal of Taxonomy 271: 1–19
Photo une : Fejervarya cancrivora, photo DWI.
